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vendredi 9 mars 2012

Le Véritable Apartheid au Moyen-Orient

Par Ephraïm Karsh, professeur au King College de Londres, spécialisé dans les études du Moyen-Orient et de la Méditerranée, directeur du Middle East Forum (Philadelphia) et auteur d'un ouvrage récent, "la Palestine trahie"
Traduit par Albert Soued, écrivain http://soued.chez.com/ pour http://www.nuitdorient.com/  
 
Ceux qui aiment l'état Juif sont offusqués par l'organisation par des groupes occidentaux de la "Semaine de l'Apartheid" liée à Israël, mais ne sont pas d'accord entre eux sur la meilleure riposte à cette fête de la haine.
Cette campagne de dénigrement atteint des villes et des campus à travers le monde. Certains croient qu'Israël devrait plus insister sur ses efforts continus pour la paix, d'autres proposent de faire valoir son image en mettant en relief les réalisations dans de très nombreux domaines et les succès obtenus. D'autres enfin plaident en faveur d'un rappel de ce qu'est le "sionisme", un mouvement juif de libération nationale, et de ce qu'il n'est pas, du racisme. Toutes ces approches sont utiles, mais aucune d'elles ne résoudra le problème.
 
La recherche de la paix et de la prospérité n'est pas une preuve de bienveillance et de justice. Les régimes les plus oppressifs ont coexisté en paix avec leurs voisins, tout en réprimant leurs populations. Les sociétés les plus prospères ont rejeté leurs propres minorités. L’Afrique du Sud n'était pas un pays pauvre et arriéré technologiquement. La nation la plus riche et la plus avancée, les États-Unis, pratiquait récemment encore la ségrégation des noirs. L'accusation d'apartheid ne vise pas l'oubli de la vraie nature du sionisme, mais bien le rejet de l'existence même d'Israël. Aussitôt après que la poussière se fut déposée sur les camps nazis d'extermination, les Arabes et leurs alliés occidentaux se sont précipités pour reprendre le flambeau par la confusion entre les victimes avec leurs tortionnaires.
Une brochure de la Ligue Arabe de 1945 dit : "Pour les Arabes, en effet, le sionisme semble aussi hideux que tout ce que les nazis ont conçu d'expansion raciale aux dépens d'autrui". Une brochure publiée par l'OLP en 1964, aussitôt après sa création, dit : "Le concept sioniste de la solution finale en ce qui concerne le problème arabe en Palestine et le concept nazi de la solution finale appliqué au problème juif en Allemagne ont essentiellement les mêmes ingrédients de base, l'élimination de l'élément humain non désiré "
Pourtant, c'est bien cette organisation terroriste palestinienne qui a inventé le canard de l'apartheid vers le milieu des années 60, bien des années avant ladite "occupation" de la Cisjordanie et de Gaza. Bien entendu, cette accusation n'est pas seulement totalement fausse, mais elle est l'inverse de la vérité.
Si l'apartheid est un crime contre l'humanité, Israël est le seul pays au Moyen-Orient où cet apartheid est absent, puisque sa population arabe jouit d'une égalité totale devant la loi et de plus de prérogatives que n'importe quelle autre minorité dans le monde libre, depuis la désignation de l'arabe comme langue officielle, jusqu'à la reconnaissance des fêtes religieuses non juives comme fêtes légales chômées.
 
En contraste, l'apartheid est un état habituel faisant partie intégrante des mœurs du Moyen-Orient depuis un millénaire, et, aujourd'hui encore, les pays arabes et musulmans continuent à le pratiquer légalement, politiquement et socialement vis-à-vis de leurs minorités infortunées.
Alors comment se fait-il qu'Israël, un état sans apartheid, soit sous pression constante pour "se purifier", alors que les vrais coupables d'apartheid sont, non seulement absous et s'en sortent indemnes, mais de plus, l'Occident leur donne une plateforme mondiale pour blâmer les autres de leurs propres crimes ?
Au lieu de passer son temps à s'excuser et à protester de son innocence – par atavisme séculaire – Israël devrait adopter une stratégie dynamique, appeler un chat par son nom et dénoncer les vrais criminels de l'apartheid, les nations arabes et musulmanes du Moyen Orient. Cet apartheid prend des formes très variées selon les pays et certaines victimes en ont subi plus d'une forme.
 
L’Intolérance religieuse
 
Sur le plan historique, les Musulmans se sont considérés comme différents et supérieurs aux autres croyants qui vivaient sous leur joug, connus comme les "dhimmis". Aujourd'hui encore, ils ont préféré ne pas abandonner ce privilège. Les Chrétiens, les Juifs, les Bahaïs sont des citoyens de seconde zone à travers le monde arabo-musulman. De même, les groupes qui ne pratiquent pas le même Islam que celui des gouvernants sont partout opprimés, comme les chiites en Arabie ou les sunnites en Syrie, considérés comme des apostats dans un cas ou des ennemis dans l'autre.
 
L'injustice ethnique
 
L'héritage historique de l'intolérance s'étend au-delà de la sphère religieuse. Pendant longtemps les Arabes, les Turcs et les Perses ont été des maîtres impérialistes et ils continuent à traiter comme inférieures des populations, pourtant converties depuis longtemps à l'Islam, comme les kurdes et les berbères, qui ont voulu garder leur langue, leur culture et leurs coutumes sociales.
 
Le racisme
 
Le Moyen Orient est devenu le plus important diffuseur et incitateur de l'antisémitisme au monde, en utilisant aussi bien les diffamations moyenâgeuses (telles que l'usage du sang des enfants pour fabriquer la galette de Pâque) que des "canards" plus modernes (comme les Protocoles des Sages de Sion), décrivant les Juifs comme la source du Mal.
De même, les Africains d'ascendance subsaharienne sont traités avec un profond mépris, un vestige de l'histoire de cette région, épicentre de l'esclavage international mené par les marchands arabes.
 
La discrimination des sexes
 
La discrimination légale et sociale contre les femmes est envahissante à travers le monde arabo-islamique, allant de la violence endémique (la violence domestique et le viol de l'épouse ne sont pas considérés comme des crimes, par exemple) aux centaines d'exécutions chaque année, légales ou extra-légales (crimes d'honneur, par exemple).
La discrimination contre les homosexuels est encore pire.
 
Le refus de citoyenneté
 
Ne pas donner la citoyenneté ou les droits civils à un large segment d'une population pourtant née dans le pays est une situation habituelle. Les communautés palestiniennes dans les pays arabes offrent l'exemple le plus frappant de cette discrimination (ainsi au Liban, les Palestiniens ne peuvent pas posséder des biens, des professons leur sont interdites, ils ne peuvent pas circuler librement…). Les Bédouins dans les états du Golfe et des centaines de milliers de kurdes en Syrie ont subi des discriminations analogues.
 
L'inégalité devant le travail
 
La maltraitance des travailleurs étrangers, notamment les employés domestiques, allant des abus sexuels à l'emprisonnement de fait ou même le meurtre, est monnaie courante et largement tolérée partout au Moyen-Orient, notamment dans les états pétroliers où vit une population importante d'expatriés.
 
L’Esclavage
 
Les pays arabes demeurent le plus important refuge de l'esclavage dans le monde, depuis le trafic des enfants et des femmes en Arabie saoudite et dans les pays du Golfe jusqu'à l'esclavage endémique au Soudan et en Mauritanie. C'est pourquoi les islamistes arrivés au pouvoir aujourd'hui n'ont aucun scrupule à demander la légalisation de l'esclavage.
 
L'oppression politique
 
Nombre de régimes moyen-orientaux ont des systèmes de gouvernance plus que répressifs visant à perpétuer l'apartheid par une minorité dominante : alawites en Syrie, Tikritis dans l'Irak de Saddam Hussein, oligarchie saoudienne, dynastie hashémite en Jordanie, coterie militaire en Égypte, minorité sunnite à Bahrein…
 
 
Il s'agit probablement de l'anachronisme le plus saisissant de l'histoire, ces abus endémiques ont échappé jusqu'à ce jour à toute investigation et à toute condamnation !
Les gouvernements occidentaux hésitent sans doute à stigmatiser des alliés autoritaires pour ne pas éveiller leur hostilité et leurs élites les ont absous de leurs responsabilités, dans la pure tradition de condescendance de l'"homme blanc" vis-à-vis de ses anciens colonisés, les considérant comme des créatures abruties, incapables d'assumer leur destin.
Il est grands temps de dénoncer ces pratiques de discrimination et d'obliger ces régimes arabes à accepter de se soumettre aux principes de décence et de responsabilité. Cette volonté de recherche de la vérité du terrain mettra à nu la vacuité de la campagne pour délégitimer Israël et facilitera la paix et la stabilité régionale.
L'histoire a montré que la discrimination systématique et conséquente est une menace, non seulement pour les minorités opprimées, mais pour la santé politique des sociétés qui les opprime. Le jour où ces régimes autoritaires arabes et musulmans commenceront à considérer tous leurs citoyens comme égaux, alors ils pourront transcender leur malaise et regarder l'avenir comme un véritable printemps socio-politique.

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