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jeudi 24 novembre 2011

David Goldman : L'avenir catastrophique de l'Égypte et de la Turquie

La grande histoire est finalement racontée par les mass médias.


De David P. Goldman (aka  Spengler) dans Pajamas Media :



Les grands médias ont enfin repris l'info que j'ai donnée en Février au sujet de l'effondrement économique imminent de l’Égypte. Le pays n'a presque plus d'argent. Le Financial Times a rapporté le 16 novembre sous le titre "L'avenir de la livre égyptienne en détresse", juste avant le massacre  de ces derniers jours sur la place Tahrir, que "Les investisseurs font le pari contre la livre égyptienne, en exprimant leur conviction qu'elle fera bientôt un plongeon dans le marché à terme tandis que le marché au comptant est soutenu par le gouvernement égyptien. Le cours à douze mois de la livre (NDF) a baissé de 2,8 % mercredi sur des craintes que les réserves de l’Égypte, qui sont utilisées pour soutenir la monnaie, pourraient avoir atteint des niveaux critiques. Le marché au comptant, en revanche, est resté stable - mais pour combien de temps ? "

LE CAIRE 22 novembre (Reuters) - Ce mardi, la livre égyptienne a chuté à son plus bas niveau face au dollar depuis janvier 2005, alors que les manifestations géantes contre le pouvoir de l'armée ont motivé la démission du cabinet et a jeté des doutes sur les sondages, aggravant à nouveau un climat des affaires déjà instable.
La Banque Centrale d’Égypte (BCE) a cherché à défendre la monnaie pendant les neuf turbulents mois depuis le renversement du président Hosni Moubarak, mais selon les traders, la livre pourrait bientôt franchir le seuil de 6 livres pour un dollar, tandis que les investisseurs se mettent à l'abri.
Ils disent que la demande de dollars auprès des entreprises locales et des individus a augmenté avec les affrontements de rue qui ont fait 36 morts depuis samedi. Le vote pour la chambre basse du parlement doit commencer le 28 novembre.
La bourse égyptienne est en chute libre, en baisse de 50 % depuis le départ de Hosni Moubarak. Ce qui est intéressant est que des marchés boursiers de la Turquie ne sont pas loin derrière.
La crise économique qui écrase le Moyen-Orient s'étend de la Libye jusqu'en Turquie. Les problèmes sont d'un ordre différent, c'est certain. Comme je l'ai signalé précédemment, les réserves disponibles de l’Égypte sont d'à peu près de $ 13,000,000,000 et baissent chaque jour que la banque centrale achète sa propre monnaie du marché qui n'en veut plus afin de reporter l'effondrement inéluctable du taux de change. Pourquoi ne pas simplement dévaloriser ? La réponse probable est que les généraux et leurs hommes de paille civils sortent autant d'argent que possible du pays avant que l’Égypte ne soit en faillite. Le mois dernier, les généraux ont viré tous les membres du conseil du secteur privé de la banque centrale, comme je l'ai signalé sur Asia Times Online. Tout ce qui peut être vendu à l'étranger pour des devises est vendu.

Al-Ahram a rapporté le 19 novembre qu'il n'y a aucune mise en place de l'interdiction sur les exportations de riz, parce que les contrôles sont tout simplement en panne. L’Égypte subventionne le riz à une fraction du prix du marché mondial, donc les commerçants ont intérêt à le vendre à l'étranger. Non seulement la capacité du pays pour acheter la nourriture à l'avenir, mais ses stocks existants de nourriture disparaissent. Et la moitié de de la consommation calorique de l’Égypte vient des importations.

Pas étonnant que le pays éclate. Une kleptocratie déchaînée essaye désespérément d'acheter des maisons de standing  près de Chelsea et des appartements dans le 16ème arrondissement avant que les réserves de la banque centrale ne soient épuisées. Ce qui va suivre sera horrible.

La Turquie n'est pas en danger de famine, bien sûr, mais elle est confrontée à un grave revers économique : Tayyip Erdogan, Premier ministre islamiste du pays, a ordonné aux banques du pays de prêter des sommes énormes aux consommateurs, a des faibles taux, avant les élections nationales de juin dernier.
Les sommes prêtées par les banques ont augmenté de 40 % en 2010 et à nouveau de 40 % en 2011, et les Turcs ont  acheté massivement à l'étranger des biens de consommation, ce qui a conduit à une balance des paiements déficitaire de plus de 10 % du PIB (au même niveau que la Grèce). La plupart de ces dépenses  sont  financées par la dette à court terme. La Turquie ne fera pas faillite, le niveau d'endettement global est gérable, mais son économie devra se rétrécir d'au moins 5 % pour  stopper l'hémorragie. Cela va dégonfler le ballon néo-ottoman lancé par M. Erdogan et va rendre beaucoup plus difficile la répression des doléances des citoyens turcs dans la partie  pauvre de l'Est du pays.

Il n'y a pas de centre du pouvoir, aucune réorientation, aucun empire néo-ottoman, ni de croissant chiite, aucun printemps arabe, aucune description cohérente de ce qui se passe au Moyen-Orient. Il y a seulement un effondrement social catastrophique, des troubles civils, le désespoir et la violence.

Si l'Iran obtient l'arme nucléaire, elle  sera utilisée. Nous ne pouvons pas réparer le Moyen-Orient. Nous ne pouvons que nous protéger des retombées, en commençant par l'acquisition d'ADM par un État terroriste. La dernière phrase de mon livre "Comment meurent les civilisations" (et pourquoi l'Islam est mourant, lui aussi) cite l'avertissement de Virgile à Dante dans le chant III de l'Enfer : non ragionam da lor, ma guarda e pasa. C'est trop que d'en parler, regarde et passe [ton chemin].

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