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mercredi 6 octobre 2010

Turquie: le pouvoir judicaire, dernier bastion de l'élite laïque, est fragilisé

Éditorial de Caroline Glick au Jerusalem Post du 21 Septembre 2010


Les leaders islamistes turcs savent arriver à leur but. En sept ans il sont réussi à transformer la turquie qui était membre de l'OTAN , un allié ferme d'Israel et des USA en un membre de l'OTAN et un allié ardent de l'IRAN

Et ce n'est pas tout. Les Islamistes Turcs (de l'AKP) avaient utilisé le langage occidental de la démocratie et de la liberté non seulement pour abandonner l'occident mais aussi pour saper les fondations de la democratie laïque de type occidental qu'était la Turquie, l'unique membre musulman de l'OTAN, en un croisement de l'autocratie putinienne et de la théocratie iranienne

Le 12 Septembre , l'AKP a fait un pas de géant vers la consolidation de cette transformation et l'expansion de son pouvoir. Le régime islamiste a remporte un plébiscite sur les amendements constitutionnels qui déblaie les obstacles qui restaient sur sa route vers le pouvoir absolu.

Le vote n'avait rien de démocratique : organisé à la fin du Ramadan , l'AKP a fourni 30 dîners gratuits aux électeurs dans des districts clés.

Depuis l'arrivée au pouvoir , le premier ministre Recep Tayyip Erdogan et son parti avaient utilisé des moyens légaux et illégaux pour intimider , opprimer et réduire au silence tous les organes de l'opposition laïque à leur révolution islamique rampante.Les médias, les services publics, la police et le monde des affaires avaient été tour à tour cajolés et intimidés jusqu'à se qu'ils se soumettent.

La constitution kemaliste prévoyait que l'armée serait la protectrice constitutionnelle de la Turquie laïque. La constitution imposait à l'armée de combattre toutes les menaces au régime laïque Turc compris les menaces venant des partis et des leaders politiques. Depuis sept ans l'AKP a tout fait en son pouvoir pour démoraliser et criminaliser les leaders militaires, d'émasculer les pouvoirs constitutionnels de l'armée et son indépendance organisationnelle. Dernièrement , le président Abdullah Gul a commencé a intervenir dans les nominations des généraux en interdisant a tous les généraux non-islamistes d'occuper des postes de
commandement. Le dernier amendement constitutionnel achève cette émasculation en plaçant l'armée sous la juridiction des cours de justice civiles sous contrôle de l'AKP.

En 1980 , conformément à sa responsabilité constitutionnelle , l'armée avait démis un précurseur de l'AKP; l'occident y avait vu , incorrectement un coup d'état.Cet amendement constitutionnel rend les généraux, qui avaient chassés les islamistes, passibles d'un procès pour leur action.Sans nul doute , ils seront inculpés , dans un avenir proche , pour obstruction à la volonté populaire.

Le message envoyé à tout général qui penserait à démettre Erdogan et ses collègues est parfaitement clair. Les militaires mis à part , le seul bastion du pouvoir laïque en Turquie restait le pouvoir judiciaire. Par le passé, le judiciaire avait bloqué de nombreuses actions de l'exécutif qu'il estimait inconstitutionnelles et illegales. En donnant à l'exécutif le contrôle des nominations au sein du judiciaire, les nouveaux amendements mettront un terme à l'indépendance des juges. Le garde des sceaux de l'AKP aura d'avantage le pouvoir de lancer des enquêtes contre les juges et les procureurs.

Sans surprise Erdogan s'était félicité du résultat des urnes. " Le gagnant du jour est la démocratie Turque" avait-il dit.

Ainsi, les élections de l'année prochaine sont l'unique obstacle entre Erodgan et le pouvoir absolu. Si lui et son parti gagnent , avec leurs nouveaux pouvoirs constitutionnels , rien ne les empêchera de rester indéfiniment au pouvoir. S'ils gagnent, qu'Erdogan le déclare ouvertement ou non, la Turquie sera un état islamique sans contre pouvoir. Le gouvernement aura les mains libres autant à l'intérieur qu'aux affaires étrangères.

Erdogan avait promis que ce vote facilitera l'entrée de la Turquie dans l'union européenne. La réaction initiale de l'Europe le confirme. Stefan Fule le commissaire européen à l'élargissement a salué le résultat comme un "pas dans la bonne direction" en conformité avec les critères d'adhésion à l'union Européenne..

L'UE a facilité la tache de l'AKP. Gouvernés par l'idéologie du multiculturalisme ses dirigeants avaient refusé de reconnaître le rôle fondamental que jouent les militaires Turcs dans l'ancrage laïque du régime. Ce régime était la ressource stratégique de l'UE en Turque. Ainsi ils avaient fourni à l'AKP l'alibi international dont il avaient besoin pour se débarrasser de la plus grande menace pour leur révolution islamique.

En ce qui concerne les USA, le président Barak Obama a salue le plébiscite comme une preuve de "la vitalité de la démocratie Turque". Obama a approuvé la vente de 100 avions de combat F 35 , le ministère de la défense s'est abstenu d'évaluer le risque de cette vente pour les intérêts américains à la lumière de l'alliance naissante entre la Turquie et l'Iran. Le comité des affaires militaires du Sénat dominé par les démocrates a refusé de demander au Pentagone une telle étude.

Depuis l'annulation de l'administration Obama du programme F22 , le F35 sera l'unique chasseur de supériorité aérienne américain. La possession de cet avion par la Turquie peut constituer une menace sérieuse à la supériorité aérienne des USA dans la région.

L'Iran a fait un don de 25Millions de $ à l'AKP pour aider Erdogan à se faire réélire dans un an.Le commerce Irano-Turc a fait un bond de 86% cette année.

Le Vice Président Iranien Mohammed Reza Rahimi a déclaré à Istanbul "la Turquie est la meilleure amie de l'Iran dans le monde. La Turquie est trés importante pour la sécurité politique et economique de l'Iran. Notre guide spirituel suprême Ali Khamenei recommande de renforcer les liens politique economiques et militaires."

L'occident demeure sourd et aveugle à cette menace.


Tandis qu'elle avait observé, pendant 7 ans, la transformation constante par l'AKP de la Turquie d'une alliée solide en un ennemi obstiné, Israel tentait de comprendre les évènements. Le déni du désengagement stratégique, a favorisé la poursuite de la vente à la Turquie d'un équipement militaire de premier ordre. L'armée Israélienne reconnaît maintenant que la Turquie a partagé son équipement avec la Syrie et avec le Hezbollah.

L'espoir Israélien était ondé sur l'idée que la Turquie deviendrait si dépendante de cette alliance militaire qu'elle abandonnerait l'idée d'un renversement d'alliances. Cet espoir insensé a été détruit par la provocation Turque le 31 Mai avec la flottille des terroristes pour Gaza.

Le dernier affront en date est l'annonce bruyante que le président Turc n'aura pas le temps pour rencontrer le président Shimon Peres lors de l'assemblée générale de l'ONU alors qu'il ne manquait pas de temps à M. Gul pour rencontrer Mahmoud Ahmadinejad.

Israel n'a pas averti des dangers que pose une Turquie Islamiste non seulement pour l'état hébreu mais aussi au monde libre , ce qui est affligeant, mais il est difficile d'imaginer que les avertissements Israéliens changeront quoi que ce soit.

Le refus des USA et de l'UE, de regarder en face les conséquences de l'abandon de l'Ouest en faveur de l'Iran par la Turquie , vont de pair avec leur abandon de la cause du libéralisme au Moyen Orient et dans le monde. Ce comportement dangereux est emblématique de leur élitisme.

Les semblables d'Obama et des leaders européens considèrent leurs opinions publiques comme une gêne. Pour Obama l'opposition croissante à ses reformes économiques radicales qui ont échoué n'indique pas qu'il fait fausse route. C'est uniquement la preuve de l'ignorance du peuple Américain selon ses récentes déclarations.

En ce qui concerne l'Europe , il n'est pas exagéré de dire qu'il s'agit d'un projet élitiste construit contre la volonté des peuples européens. Le leadership européen n'a pas hésité à étendre ses pouvoirs. Aprés que le traité de Lisbonne fut rejeté référendum après référendum, les dirigeants européens avaient conspiré pour le faire imposer par des manoeuvres bureaucratiques.
Ce mépris de leurs propres peuples, conduit les dirigeants occidentaux à ignorer les violations des droits de l'homme allant de la Chine à la Syrie car sans importance. La route était pavée pour les avances appuyés d'Obama aux frères musulmans eux USA et en Egypte ainsi que pour sa décision de se mettre du côté des mollahs contre le peuple Iranien au lendemain du vol de l'élection présidentielle de Juin 2009.


Conclure des affaires et s'arranger avec des régimes autoritaires est infiniment plus facile que de promouvoir l'occident et ses valeurs aux peuples du monde. C'est particulièrement vrai étant donné le mépris des gouvernants Occidentaux pour leur propre publique.

Ce mépris rend le succès de la révolution d'Erdogan inévitable. L'unique moyen pour l'opposition Turque pour remporter les élections de l'année prochaine est une aide massive occidentale politique et financière. Si les USA l'UE et l'OTAN affirment clairement que le virage islamiste est dangereux pour leur intérêts et pour les relations avec la Turquie alors l'opposition aura les arguments nécessaires pour le combat. Si l'occident joint le geste à la parole, en égalant la générosité Iranienne à l'AKP par un aide matérielle à l'opposition, alors l'espoir d'arrêter la transformation islamiste pourra être qualifié de réaliste.

Obama et ses collègues européens peuvent croire qu'on ne leur reprochera pas la perte d la turquie. Après tout cette transformation en un allié de l'Iran avait commencé il y a 7 ans. Mais ils se trompent. S'ils continuent à se reposer sur leurs élitistes lauriers, la Turquie sera perdue pendant leur tour de garde et leurs peuples ne leur pardonneront pas l'absence de réaction à temps.

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