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lundi 26 mars 2012

Tariq Ramadan : Mohamed Merah n'était ni antisémite ni religieux

Dans un article dont je vous propose un extrait, Tariq Ramadan évacue la religion et l'antisémitisme de la scène des crimes de Mohamed Merah : c'est le statut de citoyen français de seconde classe qui l'a forcé à étudier chez les talibans en Afghanistan et au Pakistan et qu'il a choisi d'attaquer une école juive par pur hasard !
Les millions de Fatimas et d'Ahmeds en auraient fait autant !

Il est évident qu'il était irresponsable de ses actes, tout comme il est évident qu'il n'y avait pas une once de haine ni d’antisémitisme dans le cœur. La France doit enfin comprendre que tout ça est entièrement de sa faute !

A quand une page de fan de Mohamed Merah crée par Tariq Ramadan sur Facebook ?
P.S : Tariq Ramadan est professeur d'études islamique contemporaines à l'Université d'Oxford.


"Le problème de Mohamed Merah n’était ni la religion ni la politique". 
Citoyen français frustré de ne pas trouver sa place, sa dignité, et le sens de la vie dans son pays, il va trouver deux causes politiques pour exprimer son dépit : les peuples afghan et palestinien. 
Il s’attaque à des symboles, l’armée, et il tue juifs, chrétiens, musulmans sans distinction. 
Il exprime une pensée politique d’un jeune adulte dérouté qui n’est habité ni par les valeurs de l’islam, ni par des pensées racistes ou antisémites. Jeune, désorienté, il a tiré sur des repères qui avaient surtout la force et le sens de leur visibilité. Ni plus ni moins. 
Un pauvre garçon, coupable et à condamner, sans l’ombre d’un doute, même s’il fut lui-même la victime d’un ordre social qui l’avait déjà condamné, lui et des millions d’autres, à la marginalité, à la non-reconnaissance de son statut de citoyen à égalité de droit et de chance. Mohamed, au nom si caractérisé, fut un citoyen français issu de l’immigration avant de devenir un terroriste d’origine immigrée. 
Son destin fut très tôt enchaîné à la perception que l’on avait de ses origines. 
Dans la provocation, il a bouclé la boucle : il s’est perdu dans cette image, autant déformée que dégradante, pour devenir "l’autre" définitif. Pour les Français de France, il n’y a plus rien de français chez l’Arabo-musulman Mohamed.
Il n’y a pas à excuser son acte. Espérons néanmoins que la France entende une leçon que Mohamed Merah n’avait ni l’intention ni les moyens de lui donner : il était français, comme toutes ses victimes (au nom de quelle logique étrange, d’ailleurs, les a-t-on différenciés et catégorisés sur la base leur religion ?), et s’est senti systématiquement renvoyé à ses origines par sa couleur et à sa religion par son nom.  
L’immense majorité des Mohamed, des Fatima ou des Ahmed des cités et des banlieues sont français et ce qu’ils veulent c’est l’égalité, la dignité, la sécurité, un travail et un logement. Ils sont culturellement et religieusement intégrés et leur problème est avant tout d’ordre social et économique. L’histoire de Mohamed Merah renvoit la France à son miroir : il finit jihadiste sans réelle conviction après avoir été un citoyen sans réelle dignité. Cela n’excuse rien, encore une fois, mais c’est bien là que se terre un enseignement crucial."

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